Digitalisation : entre déferlement hype et vieilles illusions
La digitalisation des entreprises déferle.
Elle est devenue en quelques années une vague quelque peu dictatoriale fondée sur une séquence d’idées fortes et parfois simplistes :
1) L’entreprise génère une masse de données dans sa relation au client, dans l’usage de ses produits, dans ses processus de conception, de fabrication, de mise en marché par sa « supply chain », par ses mécanismes de reporting ou encore par les interactions entre ses employés.
2) Cette masse de données est mal, peu ou pas exploitée : les données sont localisées en différents lieux, sous différents supports ce qui rendent leurs usages difficiles.Pourtant, bien traitée par des corrélations statistiques en combinaisons multiples, cette masse de données est génératrice de valeur par les services qu’elle permettrait de créer ou par les économies qu’elle permettrait d’engendrer. En conséquence, créons des « lacs » homogènes de données, corrélons-les et il en sortira toujours quelque chose. C’est souvent le premier défi que doit relever le « Chief DigitalOfficer » fraîchement nommé dans une entreprise.
3) A terme, la combinaison d’une intelligence des données, d’algorithmes d’apprentissage prédictif et de robotisation, conduira tout objet physique à se passer– enfin – de l’intervention directe de l’homme. Le dialogue entre les machines« intelligentes » et « autonomes » permettra de s’affranchir de l’aléa humain et de lui substituer des objets « fiables » et « prédictifs ». C’est l’idée qu’une entreprise ou une organisation doit être déterministe, ordonnée, et que l’intervention humaine crée un désordre nuisible.En filigrane de cette vague, c’est le vieux rêve d’un monde où l’aléa a été réduit et qui, à son horizon ultime, s’affranchit de la défaillance majeure de la vie : la mort. D’ailleurs, le fondateur de Palantir Technologies, Peter Thiel, ne s’en cache pas puisqu’il en fait le défi de son existence
